vendredi 2 avril 2021

Vendredi-Saint (Lorsqu'un Dieu)

Ce cantique très populaire écrit par Fénelon et connu sous le titre "Au sang qu'un Dieu va répandre" est, dans cette version proposée par le recueil de Besnier, passablement retouché dans sa forme. Il y est décrit la Passion du Sauveur, depuis son agonie jusqu'à sa mort sur la croix. La première strophe introductive nous stimule à compatir aux douleurs de notre Dieu et à faire de lui le but et le centre de notre vie. Puis le récit commence. D'abord la lutte terrible de l'agonie, où un instant la nature semble céder devant l'horreur des tourments et de la mort qui se montrent aux yeux du Sauveur, mais où l'amour pour nous finit par lui faire accepter cet amer calice. Puis la trahison du Judas qui le livre à ses ennemis par un baiser, image de tant de communions indignes où des âmes ingrates semblent venir à lui en amis mais en vérité lui percent le cœur par leur sacrilège. Vient ensuite la comparution devant le grand-prêtre qui condamne le Christ comme blasphémateur, puis le reniement de Saint Pierre dont l'âme fut touchée de repentir par le regard doux et tendre du Seigneur. Au tribunal de Pilate, nous voyons l'innocence même mise en parallèle avec un malfaiteur qui obtient la clémence du peuple, tandis que Jésus est condamné à une mort ignominieuse. Avant ce dernier supplice, nous assistons à l'affreux spectacle de la flagellation, où le sang d'un Dieu coule à grands flots afin de nous laver de nos crimes... Sur la croix, malgré l'excessive douleur qui l'oppresse, notre divin modèle se montre plein de douceur pour ses cruels ennemis; ainsi, il nous apprend à souffrir patiemment et sans nous plaindre les maux de la vie pour son amour. Le récit s'achève enfin par le rappel des signes nombreux qui firent s'ébranler la nature à la mort du Christ, et par le vœu que nos vies soient de même touchées et transformées par son amour victorieux.

Cantique chanté avec partition vocale affichée sur l'introduction :

 


Une autre version chantée avec la même harmonisation peut également être écoutée ici.


Couplet musical en boucle pour accompagner les chanteurs :

 

- Version 1 (orgue seul) 



- Version 2 (orgue + mélodie au hautbois)




Paroles du cantique :

 

1
Lorsqu'un Dieu daigne répandre
Tout son sang pour les pécheurs,
Quel chrétien peut se défendre
D'y mêler au moins ses pleurs !
Puisque c'est pour nos offenses
Que ce Dieu souffre aujourd'hui,
Apprenons par ses souffrances
A ne vivre que pour lui.

2
Au jardin de l'agonie
Assistons à ses combats ;
Il se trouble, il craint, il prie,
Son Cœur veut et ne veut pas.
Il éloigne le calice,
Mais l'amour, bientôt plus fort,
Le soumet au sacrifice
Et lui fait choisir la mort.

3
Judas, traître et déicide,
Vient à lui d'un air soumis ;
Il l'embrasse, et ce perfide
Le livre à ses ennemis.
Ce forfait, Maître adorable,
Recommence, hélas ! sans fin,
Quand une âme vient, coupable,
Prendre part au doux festin !

4
Ils le traînent au grand-prêtre
Qui seconde leur fureur,
Et ne veut le reconnaître
Que pour un blasphémateur.
Mais Jésus, calme et sévère,
Lui déclare qu'à son tour
Pour juger toute la terre
Il viendra du ciel, un jour.

5
O surcroît d'ignominie !
Tout conspire à l'outrager ;
Pierre même le renie,
Et le traite d'étranger.
Jésus passe et le pénètre
D'un regard tendre et vainqueur ;
Le parjure a vu son Maître :
Le regret brise son cœur.

6
Chez Pilate on le compare
Au dernier des scélérats.
Que dis-tu, peuple barbare ?
Tu réclames Barabbas !
Quelle indigne préférence !
Le coupable est pardonné,
Et, malgré son innocence,
Jésus-Christ est condamné.

7
On l'attache, on le flagelle !
Ah ! pourquoi tant de courroux ?
L'Homme-Dieu d'abord chancelle,
Puis succombe sous les coups.
A nous seuls d'être victimes :
Arrêtez, cruels bourreaux !
C'est à cause de nos crimes
Que son sang coule à grands flots.

8
Sur la croix, âme fidèle,
Vois ton Maître, ton Sauveur :
O chrétien, c'est ton modèle ;
Près de lui forme ton cœur.
Sous le poids de la souffrance,
Ah ! restons humbles et doux,
Et souffrons sans défaillance
Pour ce Dieu qui meurt pour nous !

9
Il expire et la nature
En lui pleure son Auteur...
Il n'est point de créature
Qui ne marque sa douleur...
O Jésus, touchez mon âme :
Ah ! changez mon faible cœur !
Que ma vie enfin proclame
Que l'amour est mon vainqueur !